Avez-vous observé des situations dans lesquelles vos interlocuteurs ou vous-même aviez des avis déformés de la réalité, et biaisés de la situation ? Qu'avez-vous fait de cette prise de conscience ?

A l'image du célèbre "Cogito, ergo sum" traduit par « Je pense, donc je suis » par le philosophe et mathématicien René Descartes dans le Discours de la méthode, je vous propose aujourd'hui de réfléchir au "Je pense, donc je suis biaisais."
Cette assertion met en évidence le fait qu'étant par nature des êtres doués de pensées, nous sommes nécessairement biaisais, consciemment ou pas, que nous le voulions ou pas. Ainsi, il ne s'agit plus de chercher à se débattre avec cette question des biais pour s'auto-convaincre que nous pourrions incarner cet être non biaisé mais bien d'en avoir pleinement conscience pour intégrer nos biais et ne plus les nier.
Mais d'où vient ce concept de biais, aussi appelé biais cognitifs ?
La théorie des biais cognitifs a été développée au début des années 70 par les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman. Ces derniers cherchaient à justifier la prise de décision irrationnelle dans le domaine économique, et on ne peut que constater aujourd'hui nombreuses décisions irrationnelles.
Un biais cognitif est un schéma de pensée trompeur et faussement logique.
Cette forme de pensée permet à l’individu de porter un jugement, ou de prendre une décision rapidement. Les biais cognitifs influencent nos choix, en particulier lorsqu’il faut gérer une quantité d’informations importantes ou que le temps est limité. Il se produit ainsi une forme de dysfonctionnement dans le raisonnement. Sans surprise, notre époque où tout va trop vite avec des quantités d'informations à traiter et de décisions à prendre en simultané, amplifie nos biais et distorsions cognitives, que ce soit tant dans nos vies personnelles que professionnelles.
Notre cerveau, bien qu'étant un fabuleux organe, est loin d’être parfait et nombreuses études, issues des sciences cognitives, nous le démontrent. Confronté à des problèmes, il a mis en place des stratégies pour les résoudre, notamment des raccourcis de pensée qui sont spontanés et inconscients. Souvent très utiles et aidants, ces raccourcis peuvent parfois nous faire mal interpréter les choses.
Plus nous avons d'informations à traiter, plus nous sommes susceptibles d'être biaisés.
Aujourd'hui, plus de 250 biais cognitifs différents sont identifiés et référencés par les neurosciences. Je choisis de vous en proposer quelques uns, certainement les plus répandus et ceux avec le plus gros impact sur les décisions :
Biais de confirmation : lorsque nous recherchons, interprétons ou sélectionnons des informations qui confirment nos croyances ou nos hypothèses existantes.
Exemple : Un manager convaincu de la réussite d’une nouvelle stratégie commerciale pourrait écarter les retours négatifs des clients, privilégiant plutôt les avis positifs pour justifier son choix.
Biais de disponibilité : lorsque nous estimons la probabilité d’un événement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples nous viennent à l’esprit.
Exemple : Un chef de projet pourrait exagérer les risques d’un nouveau produit en se rappelant facilement les échecs passés dans des projets similaires.
Biais de sur-confiance : lorsque nous surestimons nos propres capacités, connaissances ou prédictions, ou celles de notre équipe ou notre entreprise.
Exemple : Un chef d’entreprise peut surestimer ses compétences en négociation et refuser une offre lucrative, pensant pouvoir obtenir mieux.
Biais de récence : lorsque nous accordons plus de poids aux informations récentes qu’à celles plus anciennes, en privilégiant ainsi les résultats immédiats à une analyse plus approfondie.
Exemple : Un investisseur peut être tenté de vendre ses actions après une légère baisse du marché, en ignorant les tendances historiques à long terme qui suggèrent une reprise future.
Biais de projection : lorsque nous supposons que les autres pensent, ressentent ou agissent comme nous, et que nous projetons nos propres préférences sur eux.
Exemple : Un manager peut être surpris par le manque d’enthousiasme de son équipe pour un nouveau projet, en supposant à tort qu’ils partagent sa vision et ses motivations.
Biais de conformité : lorsque nous modifions nos opinions ou nos comportements pour nous conformer à ceux des autres, même si cela va à l’encontre de nos propres convictions.
Exemple : Un employé peut soutenir une idée avec laquelle il n’est pas d’accord lors d’une réunion d’équipe, simplement pour éviter les conflits ou pour être accepté par ses collègues.
Biais d’ancrage : lorsque nous accordons trop d’importance à une première information que nous recevons, même si elle n’est pas pertinente pour la prise de décision ultérieure.
Exemple : Un chef d'entreprise qui ne voudrait pas revoir sa stratégie bien que les résultats du marché ne soient pas encourageants, en restant convaincu du bien fondé de son objectif initial.
Peut-être vous êtes-vous reconnus dans un ou plusieurs de ces biais ? Je vous invite à prendre le temps de relire certains décisions et expériences passées et nous repartirons de cette réflexion pour notre prochain article, sur quoi faire de ces biais identifiés.
Et vous, où vous situez-vous dans la prise de conscience et l'identification de votre principaux biais ? Avez-vous identifié deux ou trois biais les plus présents dans vos raisonnements ?
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