Avez-vous déjà vécu.e ou assisté.e à une ou plusieurs situations professionnelles dans lesquelles être une femme réduisait le champ des possibles ? Comment en comprendre les racines ?
Aujourd'hui, j'ose vous parler d'un sujet qui me tient tout particulièrement à coeur, et qui illustre très certainement la raison pour laquelle j'ai décidé de renoncer à ma carrière de Sales pour me lancer à mon compte et m'engager au quotidien pour contribuer à faire du monde professionnel un monde plus égalitaire. J'ai même d'ailleurs écrit mon mémoire de DESU Pratiques du coaching (Université Paris 8) sur ce sujet : En quoi être une femme implique nécessairement une expérience professionnelle différente de celle des hommes, plus aride et moins rectiligne ?
Malgré les lois promulguées en faveur de l'égalité homme/femme, et notamment la loi Rixain (2021) visant à accélérer l'égalité économique et professionnelle, via des quotas dans les postes de direction des grandes entreprises à horizon 2030 ( 40 % de femmes cadres dirigeantes, sous peine de pénalités ), nous sommes encore loin d'atteindre cette égalité désirée et souhaitable.
En effet, d'après les résultats 2023 de l'index égalité professionnelle, 60% des entreprises de plus de 1000 salariés comptent moins de 30% de femmes parmi leurs cadres dirigeants, avec nombreuses entreprises relatant leurs difficultés à attirer, promouvoir et conserver des talents féminins à ces postes, alors que les jeunes femmes sont toujours plus diplômées que les hommes : la moitié des femmes sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 40 % pour les hommes.
Comment alors expliquer, malgré l'éducation des jeunes femmes et les nombreuses lois en faveur de l'égalité homme/femme, cet écart persistant et ce changement en profondeur qui tarde à éclore ?
Les causes profondes pour expliquer ces inégalités sont nombreuses et je ne prétends pas détenir toutes les clés pour endiguer ce triste phénomène. Mais s'il y a bien une racine majeure dont je sois pleinement convaincue, et sur laquelle j'oeuvre au quotidien, ce sont les nombreuses conséquences de notre société genrée, organisée sur une répartition précise des différences de rôles entres les hommes et les femmes.
Ces différences prennent racine dès l'enfance et l'éducation, via les messages éducatifs, les comportements attendus et valorisés envers un petit garçon et une petite fille sont très différents. L'observation d'une cour de récréation des tous petits en est un parfait exemple avec les petits garçons qui ont tendance à occuper, pour ne pas dire monopoliser, pleinement l'espace disponible via des jeux de ballon, des courses poursuites endiablées accompagnées de nombreux cris, quand les petites filles, elles, se contentent d'occuper l'espace encore disponible, un coin de préau ou un tronc d'arbre, pour discuter, faire des jeux calme et surtout ne pas se salir, pour rester "jolies".
De plus, l'illustre philosophe Simone de Beauvoir a démontré que, bien qu'il existe des différences physiologiques évidentes entre les hommes et les femmes, aucune de ces différences ne peut expliquer un quelconque déterminisme, comme l'illustre cette citation historique :
"On ne naît pas femme, on le devient." de Beauvoir (1949, Le Deuxième sexe)
Cette pensée majeure renforce ainsi l'idée selon laquelle les différences de comportements entre petites filles et petits garons, puis hommes et femmes, ne sont que le fruit d'une éducation genrée, éducation qui in fine façonne des pensées, rêves, biais et croyances différents, induisant ainsi des comportements et façons d'être au monde ( professionnel ) différents.
Afin d'illustrer les impacts de cette éducation genrée sur les individus, ainsi que les conséquences sur notre société (cercle vicieux), je vous propose d'explorer le fameux syndrome d'imposture, ou devrais-je dire d'impostrice, identifié comme un frein majeur à l'épanouissement des femmes, et tout particulièrement à l'expansion de leur carrière. Ainsi, plongeons dans l'exploration des conséquences de ce syndrome via la déclinaison de quatre comportements féminins, que je rencontre systématiquement en séance de coaching et en accompagnement collectif de talents féminins :
syndrome de l'impostrice, se traduit par le fait d'être convaincue ne pas "mériter" sa place, son poste, etc et de n'être là que par le fruit du hasard et/ou de la chance. Parce-que je suis convaincue d'être là par "erreur", je ne vais surtout pas me mettre en avant, me rendre visible, monter sur des projets stratégiques, etc de peur d'être "démasquée" voire remerciée.
syndrome de la bonne élève, se traduit par le fait d'être perfectionniste, de ne pas compter ses heures et son implication, et d'être convaincue que tout ce travail portera ses fruits et que la hiérarchie saura remercier et valoriser mon travail et mon engagement. Parce-que je crois en la méritocratie, je ne vais pas me mettre en avant et réalisé mon auto-promotion, ce qui pourra revenir à me rendre invisible.
syndrome de la miss* (*miss France), se traduit par le fait de vouloir plaire à tout le monde, ne surtout pas froisser qui que ce soit, voire même aller chercher sa propre validation dans le regard d'autrui. Parce-que je ne veux surtout pas faire de vague, je ne vais pas monter au créneau en apprenant que mon collègue gagne plus que moi ou lorsque ma hiérarchie s'attribuera tout le mérite de mon travail.
syndrome de la "boule de cristal"*, se traduit par le fait de s'imaginer à l'avance, et avant même de les poser, les réponses à nos questions et ainsi ne pas prendre le risque d'échouer ou de se prendre un refus si je suis d'ores-et-déjà convaincue que l'entreprise me dira non. Parce-que je ne veux pas prendre le risque d'une confrontation vaine avec ma hiérarchie, je n'irai rien demandé.
Parce-que "savoir faire" ne suffit plus, comment appliquez-vous le "faire-savoir" dans votre quotidien professionnel ?
Afin d'illustrer l'impact direct et concret de ces différents syndromes, je vous propose de les appréhender via une situation concrète de la vie professionnelle : demander une augmentation de salaire :
l'impostrice ne demandera jamais quoi que ce soit car elle est convaincue ne pas la mériter, ni même mériter son poste et son salaire actuels
la bonne élève ne demandera pas car elle est convaincue que son travail parle pour elle et que son management lui proposera une augmentation pour la remercier
la miss ne demandera pas car elle n'a pas envie que les autres pensent qu'elle travaille pour l'argent ou que son travail vaut plus que le leur
la boule de cristal ne demandera pas non plus car elle est déjà persuadé qu'on lui dira non, alors à quoi bon ....
Ces différents syndromes ont tous des impacts et conséquences cruciales quant aux croyances des femmes et in fine à leur rêve, ambition et comportements. Face à ce triste constat, je vous propose quelques pistes et outils pour vous aider et aider les talents féminins de votre entourage :
Quoi faire en tant que talent féminin (forcément) concerné :
prise de conscience et identification de son syndrome le plus présent
identification des pensées associées et modifications de ses dernières (ex : "je ne mérite pas ce poste" vs "si je suis là, c'est que j'ai des choses à apporter")
en parler autour de soi : ses collègues proches mais aussi sa hiérarchie pour les aider à vous aider
rejoindre un réseau féminin, interne ou externe à son entreprise (je ne peux que vous recommander Comète et Women Sales Club dans lesquels j'ai l'honneur d'intervenir)
oser le coaching et déconstruire rapidement votre syndrome via un accompagnement personnalisé et sur-mesure (80% de mes coachings traitent de dé-construction de croyances limitantes et de confiance en soi)
Quoi en tant qu'employeur, patron, manager, collègue :
prise de conscience de ses syndromes et biais genrés pour adapter sa posture
pratique du feedbacks réguliers pour renforcer la confiance chez vos talents féminins
valoriser et mettre en avant pro-activement vos talents féminins (réunions d'équipe, hiérarchie, projets stratégiques, promotions, prise de parole etc)
*Terme emprunté à Lucile Quillet, membre de l'Observatoire de l'émancipation économique, journaliste et autrice engagée, que je remercie pour son travail pointu et son engagement pour une vie professionnelle des femmes décomplexée.
Et vous, où vous situez-vous dans la prise de conscience et l'identification de vos propres biais ? Etes-vous parvenues à les déconstruire pour retrouver votre pleine puissance d'action et de mise en avant dans le monde professionnel ?
#staytuned exceptionnellement sujet traité en deux articles car tant à dire sur le sujet.
RDV la semaine prochaine pour explorer la "zone de contraintes" spécifique aux femmes de part leur genre et avec des impacts forts dans leur carrière et leur équilibre de vie
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